Soudain
il y eut un trou noir qui s'est connecté et ce trou
noir, c'était le web.
Un Intrus à l'intérieur de moi me lance des
messages en morse... Il me dit : "Casse-les tous..."
Ma dernière échappatoire... Créer le
site des casseurs2hype et enrôler les meilleurs casseurs...
Nous sommes le premier groupe punk sans instruments.
En juillet 2002, Thierry Théolier fonde
le
Syndicat du Hype, dont l’objectif est d’infiltrer
les soirées « hype » et les open bars («
O.B. »), et parfois d’y produire un certain bordel,
cherchant à court-circuiter
par une méga-cuite
générale un système basé
sur l’envie, la séparation, la rétention
et l’exclusion.
THTH porte son action sur deux terrains : le territoire de
P.A.R.I.S., où il multiplie les incrustes et apparitions,
et la toile de l’Internet où il crée une
nébuleuse tentaculaire de sites, blogs et mailing listes
(dont le site des
Casseurs2hype
et le
Blackblog).
Programme de hack culturel intuitif et libérateur,
le SDH prend tout son sens dans cette interaction entre le
Web et la topographie parisienne, qu’il appelle à
se réapproprier.
Plus qu’un mouvement festif, au-delà de son aile
open-bariste, le SDH est un mouvement poétique, à
la jonction de l’imaginaire et du communautaire, une
œuvre collective interactive proliférante d’écritures
et d’images, rendue possible par la technologie Internet.
Et il a l’immense avantage sur ceux qui l’ont
précédé d’être
immédiatement
opératoire.
Transfert contre-nature du Web vers le papier, écrit
au jour le jour depuis la création du SDH,
CREVARD
est le manifeste de cette langue chaotique et vivante issue
de la liberté que donne la Toile, et c’est, surtout,
une bombe d’énergie mentale, un retour
du refoulé rock’n’roll, le miroir dignement
monstrueux donné à une époque monstrueuse
par son Frankenstein cyberpunkpostmondain : THTH.
Egocentrique partageur, « hyperlien humain » (reliant
les personnes les plus improbables), mystique de la hype,
des jeux vidéo et des O.B., pirate mondain et pirate
médiatique (s’incrustant tant dans les soirées
sélect que sur les pages de journaux en tout genre),
casseur ultime mélancolique et roi fainéant
nu des crevards de la hype, harangueur péteur de plombs
s’abîmant en cascades d’accusations virales,
toujours dans l’indécision casseur/sucker, dehors/dedans
(en être ou ne pas en être), prophète de
l’hypocalypse, THTH est, peut-être, « le
pire de l’époque », l’aliéné-même
(Internet pour Interné et la HyPe pour Hôpital
Psychiatrique), mais c'est un aliéné
qui
se tape la tête contre les murs.
Somme fracassée d’invectives à la syntaxe
précipitée (voire hasardeuse), d’aphorismes,
de plagiats, de lexiques inventés, de cut-ups, de règlements
de compte, crises de nerf et reports de soirées, de
poèmes de merde en novlangue de nerd, d’imprécations
en abré(dé)viations SMS, l’écriture
de Théolier, jetée sur le Net sans un regard
en arrière (discipline du « spamouraï »),
semble répondre à cet appel de Foucault :
« Quand est-ce que je me mettrai à écrire
sans qu'écrire soit « de l'écriture »
? Sans cette espèce de solennité qui sent l'huile.
Je voudrais échapper à cette activité
enfermée, solennelle, repliée sur soi qui est
pour moi l'activité de mettre des mots sur le papier.
J'aimerais que l’écriture soit un truc qui passe,
qu'on jette comme ça, qu'on écrit sur un coin
de table, qu'on donne, qui circule, qui aurait pu être
un tract, une affiche, un fragment de film, un discours public,
n'importe quoi... Je rêve d’une écriture
discontinue, qui ne s'apercevrait pas qu'elle est une écriture,
qui se servirait du papier blanc, ou de la machine, ou du
porte-plume, ou du clavier, comme ça, au milieu de
tas d'autres choses qui pourraient être le pinceau ou
la caméra. Tout ça passant très rapidement
de l'un à l'autre, une sorte de fébrilité
et de chaos. »
De l'obsession du refus du littéraire naît, malgré
tout, quelque chose, un style, un langage personnel, un amas
de vitesses et d’intensités surgies du chaos,
une musique lunatique qui est un appel à l'expérience
immédiate et à la communauté.
CREVARD [baise-sollers], ou quand la haine de la
littérature mène à la littérature
la plus brute, la plus urgente, la plus nécessaire.